A Bois-Guillaume ou Bihorel, grâce au nucléaire, tout s’éclaire !

Le Canard Enchaîné, bien connu du public, publie également « Les Dossiers du Canard » plusieurs fois par an. Si les « bêtisiers » sont traditionnels chaque année ou presque, les thèmes retenus sont pratiquement d’intérêt public et démocratique. En effet, comme chaque semaine dans l’hebdomadaire, la rédaction du Canard y traque les atteintes des plus bénignes au plus sérieuses contre la démocratie et son idéal, la mauvaise foi de notre personnel politique, etc. Évidemment, chaque numéro des Dossiers concentre le tout sur une thématique qui renforce les collusions entre tous les travers des protagonistes de cette thématique.

Ainsi, le numéro d’octobre 2011 des Dossiers (5,35 €), intitulé « Nucléaire : c’est par où la sortie ? »et sous-titré « Le grand débat après Fukushima » nous informe-t-il sur bien des aspects du nucléaire. Sur bien des aspects négatifs…

Outre le fait de se replonger dans une histoire qui montre que le nucléaire se confond avec notre inénarrable Vème République et ses travers, le Canard nous montre les limites des politiques publiques en matière d’énergie, le rouleau compresseur des institutions nucléaires publiques ou privées (d’EDF à Areva, de l’Etat à la Commission Nationale du Débat Public…) et la complaisance des « grands » médias publics ou privés qui se gavent à longueur d’années (voire de décennies !) des budgets publicitaires des sociétés qui vivent (plutôt bien) du nucléaire et de son exploitation.

On remarquera que la Canard donne la parole à ceux à qui ces médias ne la donnent pas ou très peu (en tout cas moins qu’à Allègre), militants associatifs ou politiques (Criirad, Acro, Sortir du Nucléaire, EELV…), scientifiques (Bella et Roger Belbéoch, Monique et Raymond Séné, Bernard Laponche…).

On notera qu’un journal comme le Canard qui ne vit pas de la publicité ne présente jamais de pages de pub d’EDF ou d’Areva et est donc moins sensible que d’autres à les satisfaire pour ne pas perdre de budget publicitaire, ce qui doit rendre la critique plus facile et plus objective.

Ce numéro des Dossiers du Canard balaie (non la poussière radioactive sous le tapis) mais tous les champs touchés de près ou de loin par cette « industrie » : politique, sécurité, gros sous, exploitation des personnes, coûts, problèmes sanitaires et environnementaux, etc.

Bref, un numéro des Dossiers du Canard qui devrait être déclaré « d’intérêt public », à se procurer et lire absolument…

Bonus :

Je ne résiste pas à vous livrer un passage du chapitre « Rien à débattre », consacré au débat public et à l’organisme qui l’encadre, la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) et qui devrait rappeler quelques souvenirs aux citoyennes et citoyens de Bois-Guillaume et de Bihorel à propos d’un débat public pas si lointain dans le temps et l’espace ! (Voir page 38 de ce numéro des Dossiers)

« Le débat public n’est pas un sondage ou un référendum, explique Jean-François Béraud, secrétaire général de la CNDP, ce n’est pas parce que des milliers de gens viennent dire non qu’on changera quelque chose. » Ah bon ? Alors à quoi ça sert ? « Ce qui compte pour nous, c’est l’expression des arguments, il faut que les gens s’expriment. L’issue finale n’est pas notre affaire. » Et vous trouvez ça juste que ce soit le maître d’œuvre qui tranche ? « C’est la meilleure solution possible », assure le patron de la CNDP avant d’introduire cette subtilité : « Entendez bien : ce n’est pas de la codécision, c’est une participation au processus de décision. Çà n’enlève rien au décideur qui continue de décider. »

Grâce au nucléaire, tout s’éclaire !

Jean-Luc Chavanieux

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