La France aurait pu faire mieux qu’un changement d’heure
Nous changeons d’heure ce week-end. Pour rappel, cette mesure a été mise en place suite au choc pétrolier de 1973. « Remis en place » serait plus exacte. L’Angleterre a été la première à l’instaurer en 1916 suivie rapidement par l’Allemagne, l’Irlande et l’Italie. La France se décida en 1917. Le gouvernement de 1945 abrogea finalement cette mesure.
Suite au choc pétrolier et comme tous les pays occidentaux, la France s’aperçoit de sa dépendance au pétrole. Le gouvernement prend alors deux décisions :
- remettre en place le décalage à l’heure d’été
- développer massivement le nucléaire en France
A la même période, le Danemark fait le même constat mais avec des difficultés accrues. Ce pays ne dispose pas de filière hydroélectrique. Ses centrales thermoélectriques fonctionnent pour 80% au pétrole et pour 20% au charbon. Il importe 100% de son pétrole. Son gouvernement va prendre deux décisions :
- optimiser la consommation d’électricité
- développer massivement les énergies renouvelables
L’optimisation est toujours de mise et a été relancée dans le programme « objectif 2025 » qui a pour but de constater à cette date 0% d’augmentation de la consommation en 50 ans. La France en est loin.
Pour les énergies renouvelables, le Danemark a développé deux filières propices à son territoire, l’éolien et la biomasse. Il est devenu et reste le premier producteur d’électricité à partir du vent. Il est du coup le premier exportateur d’éoliennes et reste un des pays en pointe pour le développement d’une filière marine (énergie des vagues et des courants).
Ces choix politiques ont permis de faire baisser le coût de l’électricité de 75% passant de 16€/Kwh à 4 centimes d’€/Kwh entre 1973 et 2003, ainsi qu’augmenter progressivement la part des énergies renouvelables (principalement l’éolien) dans la production d’électricité : 3% en 1980, 6% en 1990, 11% en 2000, 23% en 2006 et un objectif de 33% en 2011. La France plafonnait jusqu’en 2008 à 1,5% d’éolien et ne pouvait afficher ses soit-disant beaux scores que grâce au 11,9% d’hydraulique. Elle a pourtant le 2ème gisement éolien d’Europe derrière le Royaume Uni.
Le Danemark en est déjà à sa deuxième génération d’éolienne sur son territoire. Il a en démonté 1300 en 2002 pour les remplacer par 300 pour une production accrue.
Toujours dans la même logique d’indépendance énergétique, le pays a instauré au maximum la cogénération dans sa production d’électricité. C’est à dire la production et l’exploitation simultanée d’électricité et de chaleur. Pour preuve, une étude en 1998 établit la cogénération à 11% en Europe avec de grandes disparités : le Danemark 60% et la France 2%. Le pays a ainsi généralisé les réseaux de chaleur urbain. Ils représentaient en 2005 60% de la surface habitable chauffée. Ces usines combinées fonctionnent au pétrole, au gaz naturel, aux déchets, à la biomasse, voire à partir de pompes à chaleur. « Il est évident que ces objectifs de maîtrise de l’énergie ne peuvent être atteints que si une majorité des villes à population dense est pourvue en installations de ce type, souligne le président. En outre, la réduction de 25 %/m2 des consommations dans les logements tient aussi à une bonne isolation du bâti, à l’efficacité des équipements et au comportement des usagers ! ».
Le gouvernement a évidemment la volonté d’augmenter la part du renouvelable avec la biomasse.
Pour soutenir l’essor du chauffage urbain, des mesures juridiques obligent les propriétaires d’immeuble à se raccorder, interdit l’utilisation du chauffage électrique dans les constructions neuves, instaurent une taxe sur les combustibles fossiles utilisés pour le chauffage. Des subventions d’investissement sont proposées aux collectivités pour rénover et compléter leurs réseaux, ainsi que des subventions d’investissement aux consommateurs qui optent pour ce système. En outre, presque toutes les sociétés de chauffage urbain sont détenues par les consommateurs, soit directement sous forme de coopératives, soit en régie municipale.
Ainsi, tous les budgets et prix sont transparents. Une motivation supplémentaire pour proposer aux clients les meilleurs services au prix le plus bas possible. À noter le soutien public pour la recherche, le développement et la démonstration des technologies.
De fait l’évolution technique se révèle très dynamique et d’une grande diversité.
Deux pays, deux visions différentes de l’indépendance énergétique.