Kinder suprise !
Ainsi donc, le palais des sports de notre agglomération va s’appeler «KindArena»… Un choix qui laisse rêveur. Comme un enfant qui commence à déballer de ses petits doigts anxieux un œuf fourré au plastique, le (la) citoyen(ne) de l’agglomération commence à frissonner, transpirer, angoisser, espérer, s’interroger : quelle surprise va-t-on trouver à l’intérieur ?
La CREA a donc offert contre 5 millions d’euros (sur 10 ans) à Ferrero France le droit de donner le nom « KindArena » à un équipement public largement bâti avec le pouvoir financier d’investissement de la Crea reposant sur les impôts locaux des habitants. On est content de savoir que ces 5 millions seront déduits de la part que nous finançons (non, là, je rêve ?). On peut déjà par le principe être contre le fait de donner un nom issu du commerce à un équipement réalisé avec des fonds publics. Mais là, avec Ferrero, c’est une longue histoire…
On aurait dû (ou pu) sentir le coup venir. Souvenons-nous de la statue d’Aimé Césaire. Il y a un an tout juste, la Ville de Rouen emmenée par la première magistrate de la ville bradait pour la somme de 60.000 € le souvenir du militant anticolonialiste et progressiste à la même société, Ferrero France.
Les élu(e)s écologistes rouennais avaient été les premiers (et pratiquement les seuls) à s’élever contre ce « sponsoring » (voir ici : Rouen couleur chocolat). Ainsi on permettait à une société qui, si j’ose dire, a fait son beurre avec le cacao qui fut une des denrées moteur du commerce triangulaire, puis de la colonisation et de la néo-colonisation de récupérer le nom et le souvenir de l’ancien maire de Fort de France et fondateur du Parti Progressiste Martiniquais. Le tout dans un jardin dont le nom (Jean de Verrazane) est celui d’un explorateur du XVIème siècle ayant participé à des expéditions ayant permis à la vieille Europe de faire main basse sur le nouveau monde…
Joli symbole qui montre le renoncement d’une partie de la Gauche face à des valeurs historiquement portées par elle…
Un an plus tard, ce ballon sonde se transforme en montgolfière. La statue est devenue Palais. Les sommes en jeu dans ce « sponsoring » devenu « naming » ont été multipliées par presque 100. Et là aussi, de nombreux symboles sont battus en brèche. Il est loin le temps où la Gauche soutenait un sport populaire et amateur par l’intermédiaire de fédérations comme la FSGT (Fédération Sportive et Gymnique du Travail, initiée par le Front Populaire).
Non, aujourd’hui, une partie de la Gauche préfère associer une multinationale qui porte haut et fort les valeurs du sport professionnel (qui utilisera ce palais des sports ? des sportifs amateurs ?), de la malbouffe (ah, le Nutella ! les rochers de l’ambassadeur ! les bouchées de mon chéri…) et de l’évasion fiscale (les sportifs français engagés par Ferrero pour ses campagnes publicitaires résident aux States, en Suisse…). On passera vite également sur les conditions de travail des petites mains qui fourrent les œufs surprises avec des jouets made in Moins-Disant Social et sur le gaspillage en ressources pour fabriquer ces petits jouets qui intègrent nos poubelles quelques jours ou semaines après la consommation de l’œuf en chocolat. Sans parler de la distance parcourue par ces babioles avant d’intégrer les œufs.
Que Ferrero veuille utiliser le sport pour se refaire une virginité alimentaire et éthique n’est pas un hasard. Ce n’est pas la seule entreprise à le faire. Là aussi, et c’est arrivé près de chez nous avec le sponsoring écrasant d’Areva avec l’athlétisme (d’ailleurs, le président de la FFA n’est-il pas ancien maire de Val-de-Reuil et adhérent du PS ?). Pas un meeting ou une compétition sans le logo de la société nucléarocrate (je ne sais pas si çà se dit, mais bon…) sur les dossards ou sur les affiches comme, par exemple (ou plus justement « Tiens ! Cà par exemple ! ») au meeting (sportif, je précise) de Sotteville-lès-Rouen, soutenu allègrement par le CG76, le CRHN, la CREA et la ville de Pierre Bourguignon (à propos une anagramme de son nom est « Piroguier borgne nu », vous pouvez vérifier !), collectivités toutes dirigées par un hiérarque du PS… Mais grâce à tout ce petit monde, nous devrions le savoir maintenant : le nucléaire, c’est comme le sport, sain, jeune, moderne et performant !
Mais là où nos « amis » ont raté le coche avec ce « naming », c’est qu’ils auraient pu faire encore plus fort et aller (pour une fois ?) jusqu’au bout de leur logique. En effet, avec « KindAreva », la Crea aurait pu toucher encore plus de pognon, et nos impôts locaux être réduits d’autant. Non ?
Jean-Luc Chavanieux
Habituellement,le mecenat a tujuoors ete pratique avec un minimum de sobriete et de discretion On a jamais vu Vinci placarde son logo sur les murs du chateau de Versaille! Ici les 1% de kinder ne justifie en rien une telle appropriation du lieu! D’ailleurs, d’ou proviennent les 99% restants? de nous?